Bases juridiques

En Suisse, le bien-être animal est ancré dans la loi fédérale sur la protection des animaux (LPA). Cette loi « vise à protéger la dignité et le bien-être animal ». Elle est concrétisée par l'ordonnance sur la protection des animaux (OPAn). Cette ordonnance fixe les exigences minimales en matière d'élevage, par exemple la taille de l'espace vital, les sorties, le contact avec les congénères ou les actes prohibés. Il existe également diverses directives cantonales. 

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Programmes et labels volontaires

Les agricultrices et agriculteurs doivent respecter ces exigences minimales pour pouvoir bénéficier de paiements directs. La Confédération leur offre, en outre, l’opportunité de participer à des programmes volontaires de promotion du bien-être animal. Il existe actuellement deux programmes :

  • Programme SST : Systèmes de stabulation particulièrement respectueux des animaux
  • Programme SRPA : Sorties régulières en plein air

 

Un complément « Production basée sur les herbages » est proposé dans le programme SRPA dès 2023. Cette mesure vise à encourager encore davantage les sorties des animaux en hiver et à augmenter la part de fourrage provenant de la propre exploitation.

 

En 2020, 75,5 % des exploitations détenant des vaches laitières, soit 85 % des vaches laitières, ont participé au programme SRPA. Et 33,3 % des exploitations ont participé au programme SST.
Ces programmes garantissent le bien-être animal en intérieur et une quantité minimale de sorties en été et en hiver. Les agricultrices et agriculteurs sont rémunérés pour leurs prestations supplémentaires en faveur du bien-être animal.

Les labels tels que BioSuisse ou IP-Suisse ainsi que les solutions sectorielles (comme, par exemple, le standard de production pour le "lait durable suisse" le « tapis vert » connu sous le label « swissmilk green ») soutiennent les efforts en faveur du bien-être animal par des exigences supplémentaires. En achetant des produits portant ces labels, les consommateurs peuvent également soutenir une agriculture respectueuse des animaux.

Sorties régulières en plein air

Les vaches se nourrissent principalement d'herbe. Dans les pâturages, elles peuvent exprimer leurs besoins naturels. En Suisse, la majorité des vaches bénéficient de sorties régulières en plein air, été comme hiver, grâce au programme volontaire SRPA.

Le programme SRPA garantit notamment au moins 26 jours de pâturage par mois pendant la saison chaude. En hiver, les vaches bénéficient d'au moins 13 jours de sortie en plein air par mois (sorties ou pâturage). Ainsi, même les vaches attachées sortent régulièrement de leur étable. C'est également ce que prescrit l'ordonnance sur la protection des animaux. Selon celle-ci, les vaches et les bœufs attachés doivent bénéficier de sorties régulières, au moins 60 jours pendant la période de végétation et 30 jours pendant l'affouragement d'hiver. Ils ne doivent en aucun cas être détenus dans l'étable sans sortie pendant plus de deux semaines.

Moins de stress avec des transports courts

Chaque transport est synonyme de stress pour les animaux. Le stress est moindre lorsque les transports sont plus courts. La loi suisse autorise une durée de transport maximale de huit heures, dont six heures de conduite et deux heures de pause. Seules des personnes formées peuvent transporter les animaux. Cela permet de garantir de bons soins aux animaux.

Les mêmes règles s'appliquent au transport des veaux. Depuis 2015, les veaux d'engraissement doivent en outre être gardés dans l'exploitation de naissance pendant au moins 21 jours avant de pouvoir être transportés. Ils sont alors plus robustes et ont développé une meilleure immunité.

Ces règles suisses sont nettement plus strictes que celles de l'UE. La loi y autorise des transports allant jusqu'à 29 heures, avec une pause d'une heure pour l'abreuvement

Abattage à la ferme

Pour éviter à leurs animaux d'être transportés à l'abattoir, certains agriculteurs et agricultrices suisses abattent leurs animaux à la ferme ou au pâturage. Cela est possible depuis juillet 2020, à condition de disposer d'une autorisation cantonale. L'ordonnance révisée sur l'abattage d'animaux et le contrôle des viandes (OPAnAb) constitue la base de cette autorisation. L'abattage à la ferme et au pâturage est strictement contrôlé.

 

Écornage uniquement sous anesthésie

Environ 73 % des vaches laitières suisses n'ont pas de cornes. Même si l’élevage s’oriente de plus en plus vers des races sans cornes, il demeure nécessaire d’écorner des veaux et cela, principalement, pour des raisons de sécurité. Cela permet d'éviter les blessures mutuelles dues aux cornes et de simplifier la manipulation des animaux par les agricultrices et agriculteurs. Mais également pour des raisons économiques car les animaux sans cornes ont besoin de moins de place dans l'étable.

De nombreuses études scientifiques analysent le comportement des bovins avec et sans cornes, ainsi que leur stress et leur douleur lors de l'écornage. Grâce à de nouvelles connaissances scientifiques, l'écornage peut aujourd'hui être effectué de la manière la plus douce possible.

En Suisse, seuls les veaux âgés de trois semaines au maximum peuvent être écornés. L'écornage doit se faire sous anesthésie et les animaux reçoivent des analgésiques. Seuls les agricultrices et agriculteurs ayant suivi une formation adéquate et possédant un certificat valable peuvent pratiquer l'écornage. Dans tous les cas, l'anesthésie est administrée exclusivement par le vétérinaire.

Avec son obligation d'anesthésie lors de l'écornage et la prévention de la douleur qui en découle, la Suisse est à la pointe au niveau international. Dans l'Union européenne, l'anesthésie n'est obligatoire que pour les animaux de plus de quatre semaines

La vache est un membre de la famille

L'agriculture suisse se compose en premier lieu d'exploitations familiales. En 2020, une exploitation laitière moyenne s'étendait sur 28 ha et comptait 27 vaches. À titre de comparaison, l'exploitation laitière moyenne en France compte 92 ha (dont 32 dévolue à la production d’herbe, y compris la pâture, et de fourrage) et 66 vaches.

La topographie du pays, avec ses nombreuses montagnes, est l'une des principales raisons de la petite taille des exploitations agricoles suisses. Environ la moitié de l'ensemble des exploitations laitières sont situées dans des territoires montagneux, selon les données de l'Office fédéral de la statistique (OFS) de l'année 2020.

De plus, en Suisse, une ordonnance régit le nombre maximal d'animaux autorisés dans la production de viande et d'œufs. La Suisse a donc une longueur d'avance sur d'autres pays qui autorisent un nombre beaucoup plus élevé d'animaux par exploitation.

La loi suisse sur la protection des eaux limite également, pour des raisons de protection de l'environnement, le nombre d'animaux pouvant être élevés par unité de surface. L'objectif de cette mesure est de limiter la concentration d'engrais (notamment d'azote et de phosphore en tant que composants des déjections animales) par zone pour garantir la qualité de l'eau. Le nombre d'animaux élevés sur une exploitation est ainsi indirectement limité, limitant par conséquent la taille des exploitations.

Grâce à une législation appropriée, la Suisse a pu préserver le caractère familial de ses exploitations agricoles. Dans leurs exploitations plutôt petites, les agricultrices et agriculteurs suisses peuvent mieux s'occuper du bien-être de leurs animaux et les nourrir principalement avec le fourrage de la ferme. Une condition idéale pour la production de fromages suisses de qualité.

Suffisamment d'espace au pâturage et dans l'étable

L'ordonnance sur la protection des animaux (OPAn) fixe les exigences minimales pour l'élevage de toutes les catégories d'animaux : veaux, jeunes animaux et vaches. Par exemple, les dimensions d'une logette pour une vache sont fixées en fonction de la taille de la vache (qui peut varier selon la race). Toutes les vaches en Suisse ont donc les mêmes conditions d'espace dans leurs étables. L’OPAn stipule en outre que les vaches doivent disposer de suffisamment d'espace dans les étables à stabulation libre pour s'éviter mutuellement et pouvoir s'alimenter suffisamment. Il est en outre interdit de garder plus de vaches dans une étable qu'il n'y a de logettes.

Le programme volontaire SST pour les systèmes de stabulation particulièrement respectueux des animaux permet de garder les animaux en groupe sans avoir à les attacher. Il garantit aux animaux un accès 24/24h à une zone de repos et à une surface sans litière.

Dans le cas du pâturage, la surface par vache est adaptée aux conditions naturelles du site (type de sol, climat). Par exemple, une zone productive peut nourrir plus d'animaux qu'une zone qui souffre souvent de sécheresse.

Des normes d'élevage garantissent que les vaches laitières sont élevées dans de bonnes conditions. Le programme SST va encore plus loin en exigeant que les animaux soient élevés en groupe et sans être attachés.

Les veaux aussi font l'objet de soins ciblés

L'élevage des veaux est une composante essentielle de l'élevage laitier. Les jeunes femelles sont l'avenir du troupeau. Elles assurent le renouvellement et la future production de lait. Les veaux mâles sont généralement élevés dans des exploitations d'engraissement pour la production de viande.

L'élevage des veaux, l'alimentation, les actes douloureux et l'écornage sont réglementés par l'ordonnance sur la protection des animaux.

La santé des veaux est un sujet important dans l'élevage laitier. Cela concerne aussi bien les exploitations de naissance que les exploitations d'engraissement. En effet, les veaux naissent sans anticorps. C'est pourquoi ils ont besoin le plus rapidement possible du premier lait (colostrum) de leurs mères. Pour garantir leur santé et leur bien-être, l'alimentation et l'abri doivent être adaptés à leurs besoins spécifiques.

Les exploitations d'engraissement réunissent de jeunes animaux provenant de différentes exploitations. Cela peut entraîner des problèmes de santé qui augmentent la mortalité des animaux. Des antibiotiques peuvent donc être nécessaires pour les soigner.

La vente de veaux mâles de races laitières pures n'est pas très intéressante d'un point de vue économique. C'est pourquoi les agricultrices et agriculteurs cherchent des solutions techniques pour maintenir le nombre de veaux laitiers mâles à un niveau bas. Lors de l'insémination des vaches laitières, il est possible d'utiliser des doses de semence sexée permettant ainsi d'augmenter la probabilité de naissance d'un veau femelle.

Il est en outre possible de choisir, pour certaines vaches, un taureau de race à viande plutôt qu'un taureau de race laitière. On obtient ainsi des veaux croisés qui correspondent davantage aux attentes en matière d'engraissement et qui se vendent à un meilleur prix.

Dans les exploitations laitières, les veaux sont généralement séparés de leur mère après quelques jours. Depuis 2020, la loi suisse (ordonnance du DFI sur l'hygiène dans la production laitière) autorise la commercialisation du lait des vaches qui allaitent leurs veaux. Dans ces exploitations, les veaux restent avec leurs mères et les vaches peuvent tout de même être traites. Ce mode d'élevage est certes exigeant, mais il respecte la relation naturelle entre la vache et son veau. Il est surtout appliqué dans l'agriculture biologique, mais, au vu des bonnes expériences réalisées, de plus en plus d'exploitations conventionnelles s'intéressent aussi à ce mode d'élevage.